vendredi 23 mai 2008

Apprentissages langagiers et socialisation : étude des différences sexuées chez le jeune enfant.

Soumis à concours de l'ED

Unité/équipe encadrante : UMR 6552 Ethologie animale et humaine / Equipe 2 – Réseaux sociaux et caractéristiques individuelles Equipe 3 – Vie sociale et communication
Nom du responsable scientifique et cotuteur : S. Barbu M. Hausberger
Contact : stephanie.barbu@univ-rennes1.fr, martine.hausberger@univ-rennes1.fr

Contexte socioéconomique et scientifique :

Le projet proposé vise à répondre à deux enjeux scientifiques majeurs qui sont de considérer la variation dans le développement langagier et le rôle des facteurs sociaux dans les apprentissages
chez le jeune enfant. Ces questions sont abordées au sein de l’UMR 6552 dans une perspective comparative homme/animal, à travers l’analyse du poids des facteurs sociaux dans la structuration des signaux vocaux chez les primates non humains et humains pour l’équipe 2 et chez les oiseaux pour l’équipe 3. Ces travaux ont montré de manière répétée l’importance des facteurs sociaux dans les apprentissages et la plasticité vocale, des questions demeurent en ce qui concerne la nature de ces influences sociales et les mécanismes impliqués. Dans la mesure où le sexe est une catégorie particulièrement saillante des groupes sociaux, le projet de recherche proposé aura pour objectif de caractériser l’émergence et le développement des variations linguistiques liées au sexe chez le jeune enfant, en combinant les approches éthologique et sociolinguistique. Ces questions fondamentales ont des enjeux sociétaux majeurs concernant la construction des différences hommes-femmes et leurs implications, et des enjeux éducatifs importants concernant les acquisitions langagières à l’école.

Sujet

Les hypothèses et questions posées

Le projet s’articulera autour de deux axes de recherche complémentaires. Le premier visera à étudier les interactions parents-enfants. Les attitudes adoptées par les parents à l’égard des filles et des garçons sont souvent très différenciées. Ces attitudes différenciatrices dépendent à la fois du sexe du parent et de l’enfant, ainsi que de son âge. Il s’agira de voir quelle relation s’établit entre l’environnement langagier familial des filles et des garçons et leurs acquisitions langagières. Le second axe de recherche s’intéressera aux interactions sociales entre enfants. Les enfants manifestent très tôt une préférence pour des partenaires de jeu de même sexe. Les groupes de jeu des filles, des garçons et mixtes diffèrent par de nombreux aspects (nature des activités, nombre de partenaires…). Aussi, il s’agira de savoir si les comportements langagiers des enfants des deux sexes diffèrent selon les caractéristiques du contexte social.

Les grandes étapes de la thèse et démarche

La première étape de ce travail consistera à étudier si les différences liées au sexe observées chez les adultes se retrouvent dans les productions langagières des enfants, et à quel moment de
leur développement langagier. Pour cela, une étude transversale sera réalisée auprès d’enfant âgés de 2 à 6 ans dans le cadre d’une situation expérimentale (tâche verbale). La deuxième étape cherchera à mettre en relation les usages langagiers des enfants et de leurs parents dans différentes situations en combinant des observations en situations expérimentales et des observations en situations habituelles de vie (tâche verbale, lecture, jeu libre). La dernière étape sera centrée sur l’étude des interactions sociales entre enfants à l’école maternelle dans deux conditions : en situation habituelle de vie au cours des périodes de jeu libre et en situation expérimentale avec la constitution de dyades unisexuées et mixtes.
L’ensemble de ces démarches permettra d’étudier les effets du sexe de l’enfant, de celui de ses partenaires et de la nature de leurs activités sur les productions langagières des enfants. Des analyses quantitatives porteront sur la fréquence, la complexité et le contenu des prises de parole. De plus, des analyses fines porteront sur la fréquence d’usage de différentes variantes linguistiques (comme la réalisation des liaisons) dont nous savons que la production est variable selon les caractéristiques des individus et le contexte de l’échange chez les adultes.

Approches méthodologiques et techniques envisagées

La méthodologie envisagée s’appuie sur une approche éthologique avec l’observation directe des interactions sociales spontanées, et l’analyse quantitative des comportements observés. De plus, les analyses langagières seront réalisées en collaboration avec des sociolinguistiques du laboratoire de Linguistique et Didactique des Langues Etrangères et Maternelles de Grenoble.

Compétences scientifiques et techniques requises

Le candidat devra avoir une formation en Ethologie, et avoir une bonne maîtrise des concepts et méthodes de cette discipline. De plus, les transcriptions langagières nécessitent une bonne maîtrise du français écrit.