vendredi 23 mai 2008

Influence de l’habitat et de la structure sociale sur la communication vocale chez un Sturnidé Africain : Onychognathus nabouroup

Soumis au concours de l'ED 2008

Unité/équipe encadrante :
UMR- CNRS 6552 Ethologie animale et humaine – Equipe 3 : vie sociale et communication : perception production, fonction des signaux.

Nom du responsable scientifique et cotuteur : Laurence Henry

Contact : Laurence Henry, 02 23 23 50 76, lhenry@univ-rennes1.fr

Contexte socioéconomique et scientifique :

Ce projet de thèse s’inscrit dans une réflexion sur l’évolution de la communication vocale chez les vertébrés supérieurs. L’étude du chant chez les oiseaux chanteurs a permis au cours de ces 40 dernières années de mettre en évidence un très fort degré de plasticité dans l’expression des comportements vocaux. Il est désormais classique dans la littérature d’établir des parallèles entre le développement du chant chez les oiseaux chanteurs et le développement du langage chez les humains ou bien encore de comparer les facteurs sociaux à l’origine de l’émergence de variations géographiques et de dialectes. Notre démarche repose sur le concept d’homoplasies (similarités acquises indépendamment) et propose d’étudier les réponses fonctionnelles apportées par des espèces ayant des contraintes sociales similaires. Cette démarche comparative se révèle être riche d’information et nous permet d’identifier les pressions de sélection en jeu dans l’évolution de la communication vocale.

Sujet

Les hypothèses et questions posées

Le but de cette thèse est d’étudier le lien entre la vie sociale et la communication vocale chez une espèce d’oiseau chanteur : le rufipenne nabouroup Onychognathus nabouroup. Cette espèce montre des différences importantes de structure sociale selon les populations : nids isolés ou petites colonies avec des rencontres possibles entre colonies sur des sites alimentaires communs, immenses colonies isolées par des massifs montagneux par exemple. La principale hypothèse à tester est que l’habitat et la structuration sociale influencent le comportement vocal en termes de taille de répertoire, de variations interindividuelles, de degré de partage de chant ou bien encore de style de chant. Nous tenterons notamment de savoir si le nombre et la diversité des partenaires sociaux influent sur la taille des répertoires de chant, sur le degré de variabilité interindividuelle, s’il existe des variations dialectales entre les différentes populations ou si l’isolement géographique des unités sociales a un impact sur la structure du chant.

Les grandes étapes de la thèse et démarche

Cette thèse repose sur un travail de terrain d’une année au moins en Afrique du Sud au cours de laquelle les données seront collectées. L’analyse des données sera poursuivie en laboratoire à l’université de Rennes. Des missions ont déjà été réalisées dans la région du Cap Nord en Afrique du Sud où les populations de nabouroup sont nombreuses. Plusieurs sites montrant des différences importantes dans la structure sociale ont été identifiés. Le travail de terrain consistera donc à décrire finement le comportement social des oiseaux et à réaliser des enregistrements des individus vivant dans les colonies. La capture et le marquage des oiseaux permettront un suivi des individus sur de longues périodes. Nous pourrons ainsi précisément décrire la vie sociale des individus en termes de qualité et de quantité des interactions sociales. Des enregistrements des chants seront réalisés régulièrement sur ces sites à différentes périodes de l’année et du cycle reproducteur des oiseaux. Ces enregistrements nous permettront de caractériser le chant, de définir le répertoire des individus, d’estimer la variabilité interindividuelle ou bien encore les différences liées au sexe. Des comparaisons intra- et inter-sites nous permettront de mettre en évidence les différences liées à la vie sociale. Nous analyserons également les possibles partages des vocalisations entre individus afin d’examiner l’existence possible de dialectes. Des expériences de repasse (diffusion de chants à l’aide de haut-parleurs) permettront de tester les réactions des oiseaux à l’écoute de chants connus ou inconnus, partagés ou non. L’ensemble des ces analyses permettra de mieux comprendre l’impact de l’habitat et de la vie sociale sur le comportement vocal chez cette espèce.

Approches méthodologiques et techniques envisagées

Cette étude se base sur un travail de terrain en Afrique du sud. Les observations des comportements et les enregistrements des vocalisations seront réalisés sur les différents sites à différentes périodes de l’année afin de collecter des données sur le comportement vocal et social. Pour cela, des individus seront capturés et marqués afin de permettre un suivi régulier des oiseaux. Des expériences de repasse sont également envisagées. Les analyses de chants seront effectuées grâce à des logiciels spécifiques.

Compétences scientifiques et techniques requises

Le candidat devra avoir une solide formation en Ethologie et maîtriser les concepts théoriques et méthodologiques de la discipline. Il devra être capable de mener des missions de terrain (Afrique de Sud) afin d’assurer la collecte des données tant vocales que comportementales. Le candidat devra faire preuve d’une grande autonomie. Une bonne pratique de l’anglais est indispensable.