vendredi 4 mai 2012

Sujet de thèse « Etude de la mortalité avifaune par collision de l’ensemble des lignes électriques HT et THT en France »


Thèse démarrant le 1er octobre 2012, financée par RTE (Réseau de Transport d’Electricité)

Besoins de RTE :

Etre en mesure de quantifier l’impact de l’ensemble du réseau de transport d’électricité sur la mortalité avifaune par collision. En effet, des chiffres sont souvent repris dans la presse (« des millions d’oiseaux meurent chaque année sur le réseau électrique ») mais d’une part ces chiffres englobent le réseau de Transport et de Distribution d’électricité et d’autre part ils ne sont basés sur aucune étude scientifique poussée. Ces chiffres sont souvent le résultat de la multiplication de la mortalité d’un tronçon particulièrement dangereux par la longueur totale du réseau. Par ailleurs, des suivis ont été réalisés et montrent une mortalité mesurée sur le terrain bien plus faible : 4895 cas de morts par collision et électrocution sur le réseau d’électricité Français recensés par les naturalistes sur 20 ans[1]. RTE souhaite disposer de données robustes scientifiquement, qui permettraient de quantifier l’impact du réseau de transport d’électricité sur l’avifaune au niveau national et pouvoir au mieux le limiter.  

Axes de recherche :

L’impact des lignes haute et très haute tension sur l’avifaune peut largement varier d’un milieu à l’autre. Certains, comme les zones humides, les vallées, ou les couloirs de migration sont particulièrement sensibles pour l’avifaune. Cet impact varie également en fonction de la configuration du réseau : niveau de tension, armement, présence de câble de garde ou non, présence d’un équipement avifaune ou non…
Voici les pistes de travail que nous envisageons pour quantifier l’impact de l’ensemble du réseau de transport d’électricité sur la mortalité avifaune par collision :

·         Dans un premier temps, l’objectif de cette étude sera de définir de façon exhaustive les situations (milieu X configuration de ligne) que l’on peut rencontrer en France. Pour cela, il est envisagé de croiser toutes les données d’entrée existantes et pertinentes :
Ø  atlas des oiseaux nicheurs de France à la maille 10km/10 km (mis à jour en 2013, projet piloté par la LPO), qui permettra d’identifier les zones de forte mortalité potentielle,
Ø  système d’information géographique (SIG) de RTE qui permet de situer tous les ouvrages RTE (et leur configuration) dans l’environnement,
Ø  les études déjà réalisées par RTE sur l’avifaune (suivis avifaune, études d’impact…)
Ø  réseau Natura 2000 (ZPS) et autres habitats sensibles : vallées, zones humides…
Ø  connaissance des couloirs migratoires. Il est envisagé d’exploiter les données migratoires issues d’oiseaux équipés de balises Argos (donc informations indépendantes de la pression d’observation au sol par les ornithologues).

Les bilans de ces analyses seront confrontés aux expertises a priori sur les zones sensibles, par observation directe ou basées sur les reprises d’oiseaux bagués morts par collision, ou encore obtenues grâce aux multiples données de comptages d’oiseaux en migration active (projet collaboratif de la Mission Migration, www.migraction.net).

·         Dans un second temps, il sera fait un plan d’échantillonnage de tronçons de lignes représentatifs des différentes situations identifiées lors de la première étape du projet. Le plan d’échantillonnage sera fait de façon à obtenir la puissance statistique nécessaire  pour assurer la robustesse scientifique de l’étude et permettre de dissocier le réseau de transport de celui de distribution (enjeux différents).
·      Ensuite, un suivi de la mortalité avifaune sera réalisé sur ces tronçons sélectionnés. Ce suivi pourrait faire l’objet d’une mobilisation des réseaux d’observateurs existants dans les associations ornithologiques. Cette phase inclura aussi l’analyse du comportement de grands oiseaux à proximité des lignes HT et THT, grâce à des données GPS en 3 dimensions, telles qu’elles sont déjà disponibles pour quelques vautours fauves et aigles de Bonelli ; le financement du projet inclut d’ailleurs la participation à l’acquisition de quelques balises pour les programmes qui accepteraient de collaborer.
·      Pour finir, une extrapolation scientifique de ces résultats à tout le réseau RTE sera réalisée.

Pour compléter ces travaux, des données de suivi GPS de grands oiseaux sur leur territoire de reproduction seront analysées en 3 dimensions, pour mieux comprendre l’utilisation de l’espace qui est faite près des lignes existantes. Il sera aussi envisagé de poser des émetteurs GPS 3D sur des rapaces dont le territoire comprend des lignes HT et THT équipées ou non de dispositifs anticollision, pour étudier le comportement de vol près des câbles électriques.

Personne à contacter :
Frédéric JIGUET, UMR7204, MNHN Paris
tel 0140793080, email fjiguet@mnhn.fr

Co-direction scientifique : Frédéric Jiguet (MNHN) et Olivier Duriez (Université Montpellier 2)

Envoyez un CV, une lettre de motivation et un état de vos résultats actuels de M2. Des auditions seront organisées en juin.




[1] KABOUCHE Benjamin, BAYEUL Julie, ZIMMERMANN Laurent, BAYLE Patrick (2006). La mortalité des oiseaux sur le réseau électrique aérien : enjeux et perspectives en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Rapport DIREN PACA - LPO PACA, Hyères : 109 p.