mardi 5 février 2013

Impact de la pollution lumineuse et de ses mesures de réduction sur l’activité des chiroptères


Stage de Master 2 en Biologie de la Conservation co-encadré par le Muséum National d’Histoire Naturelle et le Parc Naturel Régional du Gâtinais.
Contexte : L’aménagement du territoire s’accompagne de nombreux changements de l’occupation du sol (intensification agricole, urbanisation…etc) aujourd’hui identifiés comme causes majeures de déclin de la biodiversité. Parmi ces changements, certains ont des conséquences encore très mal évaluées comme l’éclairage nocturne artificiel. La plupart des organismes ayant évolué sous l’influence de cycles naturels d’alternance jour-nuit, la pollution lumineuse a des conséquences reconnues sur le plan physiologique et comportemental des individus (particulièrement des espèces nocturnes), qui affectent leur distribution temporelle et spatiale mais aussi leurs interactions interspécifiques. A ce stade cependant, malgré de fortes présomptions qui justifient sa position parmi les 10 questions émergentes en biologie de la conservation, les effets de cet éclairage sur la dynamique des populations et la structure des communautés restent inconnus. Cette problématique connaît ainsi aujourd’hui un développement récent de travaux scientifiques menés en partenariat avec des gestionnaires d’espaces de manière à produire des recommandations concrètes de réduction des impacts (paramètres techniques de l’éclairage, éléments du paysage, en fonction de la sensibilité des espèces). Ces recommandations apparaissent d’autant plus urgentes que les objectifs de réduction des dépenses énergétiques sont clairement affirmés dans le contexte de crise économique, écologique et climatique, et commencent à être mis en œuvre par des collectivités via l’adoption de différentes mesures (extinction milieu de nuit, technologie innovante LED…etc). Il apparait donc urgent de mieux évaluer les impacts de cet éclairage nocturne artificiel (paramètres lumineux et paysagers) sur la biodiversité et la pertinence des mesures de réduction adoptées. Dans ce contexte, les chauves-souris en tant que vertébrés nocturnes, longévifs, en haut de chaîne alimentaire, tous protégés à l’échelle européenne, constituent un modèle biologique de choix d’autant que des suivis standardisés des variations d’abondance sont disponibles de l’échelle nationale à l’échelle locale. Comme pour d’autres groupes taxonomiques, les impacts de l’éclairage ne sont pas évidents: La lumière artificielle en attirant des insectes nocturnes est susceptible de favoriser certaines espèces de chiroptères capables de chasser autour de ces sources lumineuses et d’impacter au contraire négativement des espèces plus lucifuges en « vidant » de leurs proies potentielles les milieux alentours. Cette hypothèse de compétition indirecte est ainsi émise comme une des causes probables d’augmentation des pipistrelles communes au détriment d’espèces plus rares comme les Rhinolophes. Bien sûr l’environnement dans lequel se situe cette pollution lumineuse doit jouer un rôle crucial et aura probablement d’autant plus d’impact relatif qu’elle sera située près ou dans un milieu naturel.
Problématique : Le stage visera donc à répondre aux questions suivantes : Quel est l’impact de la pollution lumineuse sur la distribution spatiale et temporelle des espèces de chiroptères à l’échelle locale ? Quels sont les paramètres lumineux et les éléments du paysage déterminants ?
Matériel et méthodes : Outre la réalisation de relevés complémentaires sur le terrain dans le Parc Naturel Régional du Gâtinais, il s’agira de mettre en relation données d’abondance, d’usage des sols et d’éclairage artificiel nocturne. Le stagiaire pourra bénéficier des premières expérimentations menées au cours de l’été 2012, des données issues des suivis chiroptères coordonnés depuis près de 6 ans par le CG Essonne et le PNR Gâtinais. Les données relatives aux habitats et éléments du paysage proviendront i) des couches d’usage des sols produites par l’IAU (Ecomos) ii) de la base cartographique des éléments linéaires co-produite par NatureParif. Enfin le stagiaire bénéficiera de l’information recueillie par le PNR du Gâtinais et le CG Essonne sur les pratiques d’éclairage à l’échelle communale (horaire, historique des modifications…etc.) celle-ci pourra être complétée lors des relevés de terrain.
Permis B indispensable.
Contacts :
Christian Kerbiriou (Maître de conférences UPMC-MNHN) : kerbiriou@mnhn.fr
Isabelle Le Viol (Maître de conférences – MNHN) : ileviol@mnhn.fr
UMR7204, Conservation des espèces, restauration et suivi des populations. Département Ecologie et gestion de la biodiversité. Muséum National d’Histoire naturelle. 55 rue buffon, 75005 Paris.
01 40 79 57 23